«Les cinémas sont des lieux magiques et mythiques, non seulement à cause de leur architecture, mais aussi parce qu’ils promettent une échappatoire à la vie quotidienne» affirme Alain Marti, propriétaire de cinéma à Thoune. En fait, le média du film - sans doute parce qu’il promettait plaisir et distraction - ne fut pas vraiment accueilli à bras ouverts dans bien des endroits en Suisse. Le nouveau média entra souvent en conflit avec la culture bourgeoise. Outre ses publicités et réclames lumineuses, on reprochait souvent au cinéma de promouvoir un «américanisme barbare». Cette bataille culturelle se manifesta ainsi au début de la Première Guerre mondiale, lorsqu’un pasteur bâlois connu, Gustav Benz, demanda au gouvernement de fermer immédiatement tous les cinémas pour des raisons de « moralité ». Bien qu’ayant trouvé un écho favorable, cette demande n’eut pas de suite, car une telle interdiction aurait contrevenu à la liberté du commerce. En 1931, il y avait déjà quinze salles de cinéma à Bâle avec près de 2,5 millions d’entrées par an. Un véritable boom du cinéma, quand on songe que la ville ne comptait que 150 000 habitants. Tempi passati… aujourd’hui les cinémas bâlois ne vendent guère que 600 000 entrées par an.
L’architecture et les façades marquantes des cinémas ont laissé une empreinte dans beaucoup de villes suisses, mais depuis une quarantaine d’années, ceux-ci disparaissent peu à peu ou se cachent dans des passages discrets et des entrées de sous-sol ou encore sont relégués dans des multiplexes à la périphérie des villes. Ce numéro présente l’essor du film et la typologie correspondante des salles de cinéma, illustrée de divers exemples de grande et petite ville. Le cinéma Le Plaza, un bâtiment important des années 1950, vient d'être sauvé à Genève: un développement réjouissant qui montre que la conscience de l'architecture des salles de cinéma est bien là.
Essay | Essai | Saggio
Tchaya Bloesch et Jennifer Huynh
Silence, moteur, action !
Le cinéma, entre art et architecture
Résumé
Pour comprendre l’évolution du cinéma en Suisse, il est nécessaire de connaître son histoire et en particulier le développement de ses différents lieux de diffusion. Depuis la fin du XIXe siècle, les séances cinématographiques se sont déroulées dans différents types d’espaces, débutant par des emplacements non destinés à la projection, puis passant par les exploitations foraines nomades. Il faudra attendre la fin des années 1920 pour voir apparaître des édifices construits spécifiquement pour le cinéma, qui s’affirmeront sous forme de palaces de plus d’un millier de places assises. Dans les années 1960, suite à l’apparition de nouveaux systèmes de diffusion, tels que la télévision, le spectacle cinématographique connaît une période de déclin poussant les cinémas à offrir des programmes variés et simultanés pour survivre. C’est l’émergence du complexe multisalles, modèle qui bouleverse l’existence des salles de projection indépendantes. Celles-ci devront allier diverses stratégies, tant sur le plan sociologique, économique, technologique qu’architectural, pour résister à la concurrence.
Dossier 1
Roland Frischknecht
Spiel mir das Lied vom Kino
Streifzug durch die historische Kinolandschaft der Stadt Zürich
Résumé
Il était une fois au cinéma : panorama historique des cinémas à Zurich
Les débuts du cinéma à Zurich remontent à 1897, les films sont alors montrés sous des tentes. À partir de 1907, le cinéma s’installe dans des salles permanentes de bâtiments existants. La morale rigide de la Belle Époque réglemente encore strictement la présentation de films. Cependant, une typologie autonome des cinémas se développe à partir de 1911, son langage architectonique s’appuie sur ce nouveau média et enrichit le paysage urbain. Le premier grand palais du cinéma est construit en ville en 1912, sur la base d’une utilisation commerciale mixte comprenant gastronomie, cinéma et bureaux. Ce type rare de bâtiment, conçu en pavillon autonome, se trouve dans une arrière-cour à Oerlikon. Dans les années 1920, l’architecture des cinémas adopte un profil aérodynamique. Le boom du cinéma après la guerre se manifeste par l’importance du film dans la société, en tant que nouvelle forme d’expression culturelle. En outre, l’architecture des bâtiments s’adapte à l’équipement technique nécessaire à la présentation de films.
Dossier 2
Simon Baur
Dinosaurier des Kinos
Die verschwundene Architektur der Kinopaläste
Résumé
Les dinosaures du cinéma - l’architecture disparue des palais cinématographiques
L’histoire des façades des cinémas est brève, elle ne couvre qu’un peu plus d’un demi-siècle. Elle se déroula en parallèle au développement technique du septième art, de la publicité et de la commercialisation et aussi de découvertes techniques comme les néons. Le cinéma parlant au début des années 1930 modifia aussi l’esthétique des bâtiments qui devinrent de grands palais aux enseignes lumineuses et aux façades immenses. Plus tard, chaque époque architectonique se manifesta dans les façades de cinéma, depuis le mouvement Arts and Crafts à l’architecture fasciste et jusqu’aux influences de Learning from Las Vegas de Venturi. L’aspect éphémère de la typologie des cinémas pourrait aussi être en rapport avec le fait que toute mode ou tout genre cinématographique − voire chaque film − avaient une influence sur l’architecture du lieu de diffusion. Aujourd’hui, le caractère pompeux d’autrefois a quasiment disparu et, en général, on cherche en vain des éléments représentatifs. L’emplacement du cinéma en ville n’a rien de spécial, les salles peuvent se trouver n’importe où.
Dossier 3
Bruno Corthésy
Le cinéma Capitole à Lausanne
Une des plus grandes salles de Suisse encore en activité
Résumé
Construit en 1928 par l’architecte Charles Thévenaz, le cinéma Capitole à Lausanne est considéré à son inauguration comme l’une des plus belles et des plus grandes salles de Suisse. Il participe d’une nouvelle phase dans la construction de cinémas au début des années 1930 qui tend par un luxe et un confort inédits à donner à ce type de spectacle plus de respectabilité. Il bénéficie en 1959 d’une opération de rénovation complète, menée par l’architecte Gérald Pauchard, pour répondre notamment à la concurrence croissante de la télévision. Aujourd’hui toujours en activité et demeuré dans un état de conservation remarquable, il a été racheté en 2010 par la Ville de Lausanne en vue d’y déménager les salles de projection de la Cinémathèque suisse.
Dossier 4
Franz Graf
Uno scrigno rude e sofisticato per un’architettura innovativa
Il Cinema-Teatro Blenio di Giampiero Mina, 1956-1958
Résumé
Un bijou sobre et raffiné pour une architecture innovante : le Cinema-Teatro Blenio de Giampiero Mina, 1956-1958
Un programme de construction innovateur dans les vallées des Alpes donna lieu à un champ d’expérimentation au service d’un nouveau langage architectural qui s’écartait clairement de la tradition : le Cinema-Teatro Blenio à Corzoneso, une petite bourgade au milieu du Val Blenio, a été dessiné et construit par Giampiero Mina entre 1956 et 1958. Conçu à l’origine comme centre pastoral avec jardin d’enfants, il devint au cours de son utilisation un local pour des manifestations culturelles et une salle de cinéma. Malgré des moyens financiers extrêmement réduits et grâce à la réutilisation de matériaux, l’architecte de Lugano parvint à une synthèse originale et contrôlée dans le moindre détail des impulsions des deux maîtres de l’architecture organique – Aalto et Wright. Depuis plus d’un demi-siècle, le bâtiment remplit ses fonctions avec excellence et est un carrefour social et culturel pour toute la vallée. Il compte parmi les oeuvres marquantes du renouveau de l’architecture tessinoise de l’après-guerre.
Dossier 5
Laetitia Zenklusen
Zürcher Landkinos
Zeugen aus der Boomzeit des Kinos, von denen einige bis heute überleben
Résumé
Les cinémas de la banlieue de Zurich
L’architecture des cinémas ne suit pas une typologie claire, elle varie selon les styles de construction de chaque époque et selon les besoins locaux. La salle, le hall d’entrée et les espaces publicitaires (réclames lumineuses, vitrines) sont les principales caractéristiques des cinémas. À la différence de ceux de Zurich, les cinémas de banlieue étaient construits par des entrepreneurs et architectes locaux, souvent sous forme de pavillon indépendant, éventuellement en lien avec une annexe ou bien sous forme de complexe polyvalent. En banlieue, les réclames fixes et l’aménagement artistique des salles de cinéma n’avaient guère d’importance. Les cinémas de banlieue construits après 1920 s’adaptèrent au style de construction dominant de leur époque (expressionisme, Neues Bauen, modernisme modéré), mais seulement superficiellement et sans exigence de design. Cette architecture générale se maintint dans les cinémas de banlieue jusqu’à la fin des années 1950. En 1963, le boom de construction des salles de cinéma prit fin et une architecture de caractère sérieux et d’orientation urbaine s’imposa, comme celle du cinéma « Claudia » à Kloten.
Dossier 6
Tarramo Broennimann et Pauline Nerfin
Cinéma Le Plaza : Vanishing Point ?
Résumé
L’actualité genevoise de ces derniers mois concernant le cinéma Le Plaza, objet architectural iconique dessiné par Marc-Joseph Saugey au début des années 1950, suggérait que le suspense se dénouerait très prochainement. Le sort du plus grand cinéma genevois, mais aussi le plus avant-gardiste qui reflète l’American way of life, semblait être scellé par un propriétaire qui, ne le jugeant plus suffisamment rentable, avait planifié sa démolition. La trajectoire politico-juridique du Plaza durant les vingt dernières années semblait ainsi avoir atteint son point de non-retour. Depuis que l’autorisation de démolir a été délivrée en 2015, de nombreuses voix indignées ont fait savoir la perte inestimable que représenterait cette disparition. Malgré ces prises de positions, la destruction semblait donc actée et soudain, comme un véritable coup de théâtre, est survenu un inattendu happy end!
KdS | MAH | MAS
Hans-Rudolf Meier, Dorothea Schwinn Schürmann, Marco Bernasconi, Stefan Hess, Carola Jäggi, Anne Nagel und Ferdinand Pajor
Die Kunstdenkmäler des Kantons Basel-Stadt X
Das Basler Münster
KdS | MAH | MAS
Edith Hunziker, Susanne Ritter-Lutz
Die Kunstdenkmäler des Kantons Aargau X
Der Bezirk Laufenburg
Aktuell | Actuel | Attuale
Nicole Bauermeister, Ferdinand Pajor et Nicole Pfister Fetz, au nom du comité et de la direction
Billet de la direction
Les Monuments d’art et d’histoire : le meilleur du patrimoine, le meilleur du numérique
Publikationen der GSK | Publications de la SHAS | Pubblicazioni della SSAS
Das Schwimm- und Sonnenbad in Adelboden
Der neue Kunstführer widmet sich dem soeben denkmalgerecht sanierten Freibad im Berner Oberland. Gleichzeitig gibt er Einblick in das soziohistorische Umfeld jener Zeit und würdigt das eindrucksvolle Werk des Ingenieurs Beda Hefti (1897–1981).
Die Europäischen Tage des Denkmals 2019 bekennen Farbe
Die Europäischen Tage des Denkmals in der Schweiz setzen am 14./15. September 2019 den Pinsel an. Unter dem Motto «Farben -Couleurs - Colori - Colurs» laden sie dazu ein, das baukulturelle Erbe der Schweiz in all seinen Farben und Formen neu kennenzulernen und über die farbliche Gestaltung des öffentlichen Raumes zu diskutieren.
Interview | Interview | Intervista
Michael Leuenberger
«Bauen ist Kultur und schafft Raum für Kultur»
Im Januar 2018 trafen sich die Kulturministerinnen und Kulturminister Europas auf Einladung von Bundespräsident Alain Berset in Davos und verabschiedeten die Erklärung von Davos, die Wege aufzeigen soll, wie in Europa eine hohe Baukultur politisch und strategisch verankert werden kann. Im Rahmen der Kulturbotschaft 2016–2020 hatte der Bund beschlossen, eine Strategie zur Baukultur zu erarbeiten, die aktuell zur informellen Anhörung aufliegt. Auch die Architektenverbände engagieren sich stark für das Vorhaben. Am 4./5. November 2019 findet in Genf die internationale Konferenz «Getting the measure of Baukultur» statt. Kunst + Architektur in der Schweiz hat nachgefragt, was es damit auf sich hat.
Oliver Martin ist Leiter der Sektion Heimatschutz und Denkmalpflege im Bundesamt für Kultur (BAK). In seiner Tätigkeit setzt er sich auf nationaler und internationaler Ebene für eine hohe Baukultur ein.
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- Kunst in Warschau, Lodz und Krakau
Jahreswechsel in der herrlichsten Stadt Polens - 200 Jahre Prado!
Auf den Spuren El Grecos in Madrid und Toledo
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